Décliner son identité
La dialectique entre Soi-Même et l’Autre a donné lieu à d’innombrables élaborations savantes, logiques, sociologiques, anthropologiques, psychologiques ou philosophiques. Qu’est-ce qui constitue l’identité, avec sa condition d’existence — l’altérité ? Qu’est-ce qui fait que je suis moi, de manière stable dans le temps, mais aussi autre que moi ? Comment les imaginaires sociaux travaillent-ils la question de l’Autre, de l’aliénation et de l’étranger ? À l’opposé de l’aspiration démocratique à l’égalité dans la diversité, le racisme procède à une assignation à un groupe social présupposé dont l’identité supputée devient une propriété intrinsèque et figée. Une conduite (soutenir l’OM, aimer Aya Nakamura, voter à droite) devient alors une essence (supporter de l’OM, jeune, droitard) autorisant des déductions généralisantes supposément sociologiques : « le jeune n’est pas Charlie ». Mais on notera que « nos jeunes ont soif d’engagement » [8]. Ouf !
L’idéologie est un système de croyances dans lequel, de manière perverse, les réponses précèdent les questions. L’art du sondage consiste, lui, à instiller dans l’esprit des gens des réponses désastreuses à des questions qu’ils ne se posaient pas. Dans le cas présent, le consensus raisonnable sur les questions qui fâchent impose de découpler le plus drastiquement possible les travers de la vie sociale française des analyses et opinions sur les conflits Moyen-Orientaux. Le sondage Baptiste-IFOP-CEVIPOF fait tout l’inverse : il accrédite les pires confusions et revitalise les expressions racistes et antisémites dans le débat public. S’ensuivront des dénonciations à coups de sondages, de censures, de tribunes haineuses, de logomachie télévisuelle qui, de fait, alimentent toutes les dérives. Et voilà ! Comme on dit outre-Atlantique.
[1] https://theintercept.com/2025/04/23/trump-eeoc-barnard-columbia-texts-jewish/
Nous reviendrons dans un prochain billet sur l’usage de sondages dans les universités par l’ad…
Décliner son identité
01.12.2025 10:09 — 👍 0 🔁 1 💬 0 📌 0
Les rouages de l’antisémitisme, du racisme, du sexisme et des haines sociales
Devenu l’objet de la risée générale, le sondage Baptiste-IFOP-CEVIPOF servira désormais à illustrer, en première année de licence, les erreurs méthodologiques à éviter dans les enquêtes de Sciences Humaines et Sociales. Nous renvoyons à notre billet précédent, qui a été mis à jour et complété :
https://rogueesr.fr/trumpisation-de-luniversite-et-fichage-politique/
Mais, au-delà des questions de méthode et des entorses aux libertés individuelles, ce sondage pose un problème de fond. Quelles peuvent être les prémisses qui conduisent, par exemple, à demander de répondre par vrai ou faux, sans autre possibilité, à la proposition : « Les juifs sont bien intégrés en France » ?
Sans doute faut-il expliciter l’alternative à laquelle l’État demande aux universitaires de répondre :
« Les juifs sont bien intégrés en France. »
ou
« Les juifs ne sont pas bien intégrés en France. »
L’analyse des béances éthiques de ce sondage nous offre ainsi une opportunité de sensibiliser aux tropes antisémites, aux impensés coloniaux, et plus généralement aux trois rouages du racisme : la catégorisation, la hiérarchisation et l’essentialisation. La catégorisation est un processus par lequel les différences entre individus, qu’elles soient physiques, culturelles ou sociales, génèrent une partition de l’ensemble de ces individus en classes disjointes. L’essentialisation consiste à assigner un individu à l’une de ces catégories et à l’y enfermer en réduisant son identité à une « nature » définie par des traits biologiques ou culturels immuables — avec une obsession pour la transmission héréditaire. La hiérarchisation, enfin, fait usage de ces catégories figées pour construire une relation d’ordre inégalitaire, dans le but de valoriser un groupe par rapport à un autre. Dans un mouvement circulaire, l’essence est ensuite projetée sur les individus. Ceux-ci sont censés la partager selon l’hypothèse d’un sentiment i…
Les rouages de l’antisémitisme, du racisme, du sexisme et des haines sociales
« Qui es-tu parmi les hommes ? D’où viens-tu ? »
« Anōnumos »
Odyssée VII, 238 et VIII, 552
01.12.2025 10:05 — 👍 3 🔁 2 💬 1 📌 0
This survey is closed. Thank you.
La tentative grossière de désigner certains établissements universitaires comme foyers de promotion de l’Islam politique et de l’antisémitisme, selon le protocole mis au point par l’administration Trump [1] constitue un point de retournement. Grâce, notamment, au soutien très large du mouvement Stand Up for Science, la communauté académique a reconnu et déjoué la tactique de l’inondation (« Flood the zone ») de l’union des droites extrêmes, laquelle reprend sans surprise la ligne de J.D. Vance [2] : « Universities are the enemy. […] We have to honestly and aggressively attack the universities in this country. »
Tout comme pour la censure du colloque au Collège de France, on peut se réjouir d’avoir vu se déployer un front uni pour déjouer le sondage lyssenkiste [3] commandé par M. Baptiste afin de nourrir les médias de M. Bolloré. Dans les deux cas, la bureaucratie a plié devant les oukases ministériels ; ainsi c’est le directeur de « Sciences Po », M. Vassy, qui a imposé cette manipulation pseudo-scientifique au CEVIPOF. Le sondage n’a été transmis par voie hiérarchique que dans les universités « Artois » et « Bretagne Sud » [4]. Un mal pour un bien, puisque cela a ouvert la voie à un référé au Conseil d’État déposé le 28 novembre [5]. Quelques heures plus tard, après une réunion de crise au ministère, le sondage était désactivé. Comme le dit si bien l’IFOP, « This survey is closed. Thank you ». La dérive de M. Baptiste a conduit à la perte de ses derniers soutiens au sein de la communauté scientifique et à des divisions au sein de son cabinet — une première démission a été annoncée au Journal Officiel [6].
Sans rien laisser passer des menées maccarthystes qui vont aller s’accélérant à l’approche des élections présidentielles, il importe de ne pas nous laisser entraîner sur le terrain des imposteurs publicitaires, de leurs falsifications complotistes, de leurs délires identitaires et de leur haine de l’altérité. Il nous faut res…
This survey is closed. Thank you.
"La tentative grossière de désigner certains établissements universitaires comme foyers de promotion de l’Islam politique et de l’antisémitisme selon le protocole mis au point par l’administration Trump constitue un point de retournement."
01.12.2025 10:04 — 👍 2 🔁 1 💬 1 📌 0
Séminaire Politique des sciences — Ce que l’IA fait à la recherche et à l’enseignement
Le prochain séminaire de Politique des sciences (PdS) aura lieu le mercredi 3 décembre de 18h00 à 20h30 à l’EHESS, 54 boulevard Raspail, 75014 Paris, en salle BS1_05/BS1_28 (niveau -1, au premier sous-sol).
David Larousserie, journaliste au journal Le Monde
Claire Mathieu, directrice de recherche au CNRS (Irif), informaticienne
Dominique Boullier, professeur à Sciences Po Paris, sociologue
On entend parler quotidiennement de l’IA tant du côté des effets que ces nouvelles technologies pourraient avoir sur l’enseignement que sur la transformation de nos métiers. Proposant une analyse réflexive sur les transformations en cours du monde de la recherche, le séminaire Politique des sciences propose dans cette troisième séance de l’année un moment d’analyse sur les effets du développement de l’Intelligence artificielle pour la communauté scientifique elle-même. Dans quelle mesure ces outils ont-ils dépossédé les chercheurs de certains aspects de leur métier et à l’inverse quels sont les applications d’ores et déjà pertinentes de ces outils dans nos espaces de recherche ?
Séminaire Politique des sciences du 3 décembre 18h00-20h30
Ce que l’IA fait à la recherche et à l’enseignement
avec
David Larousserie, journaliste au Monde
Claire Mathieu, directrice de recherche au CNRS (Irif), informaticienne
Dominique Boullier, professeur à Sciences Po Paris, sociologue
01.12.2025 10:02 — 👍 1 🔁 1 💬 1 📌 0
Le pire n’est pas certain
« Le pire n’est pas certain. Et s’il survient, il peut être combattu. Et une nouvelle fois repoussé. » Robert Birenbaum, Résistant, est décédé le 22 novembre 2025. Que la terre lui soit légère. Sém…
Billet du 30 Novembre. Le pire n’est pas certain.
> Politique des Sciences du 3 décembre sur l'IA, la recherche et l'enseignement
> This survey is closed. Thank you
> Les rouages de l’antisémitisme, du racisme, du sexisme et des haines sociales
> Décliner son identité
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01.12.2025 09:59 — 👍 12 🔁 10 💬 1 📌 2
COMP à 100%
Les contrats d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) constituent l’instrument central du projet de loi Baptiste de privatisation de l’Université. Il s’agit d’instruments de pilotage politique par « financement à la performance », fondés sur des indicateurs strictement calqués sur des considérations propres au secteur privé lucratif (insertion professionnelle et production de valeur marchande) et excluant intégralement les considérations propres à l’Université (transmission et production désintéressées de savoirs).
Les établissements universitaires viennent de recevoir une lettre de cadrage rectoral leur demandant de minorer leur budget de « toutes les ‘actions spécifiques’, dont les COMP, à titre conservatoire », et de la majorer « d’une compensation au titre du CAS pensions et de la protection sociale complémentaire ». Les espoirs (dérisoires) des bureaucrates qui ont pensé récupérer des pièces jaunes dans leur écuelle en collaborant à l’expérimentation des COMP à 100% viennent donc d’être douchés. Il n’y aura pas un kopek pour les « punks à chiens » de France Universités, de l’Initiative et de l’Udice.
Les COMP ne sont pas pour autant abandonnés. Au contraire, même. Le ministre Baptiste a en même temps annoncé la généralisation des COMP à 100% dès l’année prochaine, et leur synchronisation avec les élections universitaires. La mise sous tutelle politique des établissements universitaires ne s’embarrasse même plus de l’habituelle carotte budgétaire. L’intégralité des budgets, y compris le salaire des fonctionnaires, sera ainsi soumise aux critères arbitraires de l’exécutif. Le conditionnement des budgets fédéraux à des normes politiques est très exactement l’outil de contrôle utilisé par M. Trump aux États-Unis.
Cette mise sous tutelle de l’Université arrive dans une phase de montée en puissance de l’extrême-droite et de l’illibéralisme. Il serait souhaitable que la tactique « Flood the zone » de M.Baptiste n’occulte pas la gravité de cett…
Le ministre Baptiste a en même temps annoncé la généralisation des COMP à 100% dès l’année prochaine, et leur synchronisation avec les élections universitaires.
La mise sous tutelle politique des établissements universitaires ne s’embarrasse même plus de l’habituelle carotte budgétaire.
22.11.2025 20:01 — 👍 8 🔁 4 💬 0 📌 0
Justice et liberté académique
22.11.2025 19:58 — 👍 7 🔁 2 💬 1 📌 0
Pourquoi ?
Pourquoi le ministre, Philippe Baptiste, a-t-il fait pression sur l’administrateur du Collège de France, annonçant fièrement l’oukaze d’un message sur X, un réseau social abandonné par une grande partie des universités et des universitaires depuis qu’il est tombé sous le contrôle d’un milliardaire d’extrême-droite ?
Un « tombé du camion » de son cabinet annonce qu’il prendrait la tête du CNRS début 2026, à la suite d’Antoine Petit. Dans ces conditions, il n’est peut-être pas paradoxal qu’il n’ait pas anticipé la perte de ses derniers soutiens au sein de la communauté académique. Pourquoi l’administrateur du Collège de France, le Professeur Thomas Römer, a-t-il cédé à M. Baptiste plutôt que de remettre sa démission avec fracas ? Pourquoi a-t-il caché aux professeurs du Collège de France la lettre de menace de M. Baptiste, qui l’ont découverte lorsque nous l’avons publiée ? Il est consternant de constater ce déficit d’éthique de la part d’un universitaire intellectuellement audacieux, d’une originalité remarquable dans ses travaux sur la naissance de la Bible, faisant dialoguer analyse philologique des textes, histoire et archéologie du Proche-Orient ancien.
C’est en réalité la troisième attaque contre la liberté académique au Collège de France en peu de temps. En déficit budgétaire, le Collège de France a accepté des fonds de TotalEnergies – entreprise qui contribue de manière significative au réchauffement climatique comme à la production d’ignorance sur celui-ci – pour financer des programmes de recherche. La convention, qui prévoit que son contenu « est confidentiel et ne peut faire l’objet d’aucune divulgation à des tiers » comprend une clause de non-dénigrement qui engage le Collège de France à s’abstenir de « toute communication directe ou indirecte, écrite ou orale, susceptible de porter atteinte à l’image et à la notoriété » de la multinationale. [3]
Rappelons enfin que le principe même de collégialité et d’auto-organisation encore en vigueur …
Pourquoi le ministre a-t-il fait pression sur l’administrateur du Collège de France, annonçant fièrement l’oukaze d’un message sur X, un réseau social abandonné par une grande partie des universités et des universitaires depuis qu’il est tombé sous le contrôle d’un milliardaire d’extrême-droite ?
22.11.2025 19:55 — 👍 6 🔁 1 💬 1 📌 0
Censure
Cette fois, il n’y a pas eu de doute : tout le monde a reconnu, dans la censure du colloque organisé par le Professeur Henry Laurens au Collège de France, une attaque frontale de la liberté académique de nature trumpiste. Plus personne ne peut ignorer que l’hebdomadaire Le Point est devenu un épicentre de la désinformation scientifique et du confusionnisme, des falsifications sur le climat et sur les néonicotinoïdes à la promotion du racisme et de l’eugénisme pseudo-scientifiques :
https://rogueesr.fr/le-point/
Une poignée de journalistes y poursuit la stratégie de « bataille culturelle » inaugurée il y a plus de quarante ans dans Le Figaro Magazine par Louis Pauwels et ses collaborateurs de la « Nouvelle Droite » autour d’Alain de Benoist. Cette stratégie se retrouve aujourd’hui dans la tactique « Flood the zone » théorisée par Steve Bannon et systématisée par l’alliance Trump-Thiel-Musk : sidérer en inondant les médias de « shit ». Ni la nébuleuse obscurantiste à la manœuvre, ni le ministre Philippe Baptiste n’ont anticipé l’émotion légitime suscitée dans le milieu académique par sa censure, et la fermeté unanime des réactions en défense de la liberté académique. Aussi, souhaitons-nous déplier dans les lignes qui suivent cet évènement riche en leçons.
« En matière de grande catastrophe publique, toujours privilégier la connerie au complot. La connerie est à la portée de tous, c’est donc assez largement répandu. Le complot nécessite beaucoup d’intelligence et d’organisation, c’est très rare. »
Michel Rocard
Censure
..Tout le monde a reconnu, dans la censure du colloque organisé par le Professeur Henry Laurens au Collège de France, une attaque frontale de la liberté académique de nature trumpiste.
22.11.2025 19:53 — 👍 7 🔁 2 💬 1 📌 0
Pseudo-science et fichage politique trumpien
Il ne fait guère de doute que M. Baptiste donne des gages au Rassemblement National par anticipation d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite: après les attaques contre la liberté académique analysées ci-dessous, le voilà qui s’en prend aux libertés individuelles en demandant à la bureaucratie du supérieur de collaborer à un fichage politique des universitaires et des étudiants. L’envoi d’un questionnaire politique à des agents du service public est une première: il viole le principe de neutralité institutionnelle. Ce sondage pseudo-scientifique, qui essentialise des catégories racistes, est totalement illégal:
Le questionnaire collecte des données sensibles et identifiantes, ce qui pose un risque majeur en termes de protection des données personnelles. En effet, le questionnaire permet la réidentification des répondants par l’organisme collecteur, en violation des normes éthiques et du règlement général sur la protection des données (RGPD). L’anonymat des participants n’est pas garanti car ces derniers peuvent être ré-identifiés par le croisement de variables [1]. Le questionnaire demande tour à tour de remplir « l’âge », « le genre », « l’académie » d’exercice, « le type d’établissement (IUT, Classes prépa, universités, etc.), le caractère « public ou privé de l’établissement », « le statut qu’on y occupe (Enseignant, personnel administratif, etc) ». Il demande aussi si on travaille en « service technique, service commun, etc. », le « corps administratif d’appartenance », « le plus haut diplôme détenu » et pour finir demande de préciser le code postal de sa commune de résidence personnelle. Le croisement de ces dix variables facilite la réidentification des personnes par une simple logique de croisement. Prenons un exemple : le questionnaire pourrait aisément permettre de ré-identifier une répondante de 42 ans se déclarant comme personnel de l’académie de la Nouvelle Aquitaine, exerçant en IUT, en tant que BIA…
Les données sont stockées sur un cloud non souverain, ce qui expose les informations sensibles à des risques d’accès par des acteurs étrangers — ici, les services étatsuniens, via Google. Le CNRS interdit ce type de pratiques. L’usage du Cloud Google pour des données relatives à la fonction publique est en outre contraire aux préconisations de l’ANSSI en matière de cyber-sécurité.
Le consentement des participants n’est pas librement obtenu, car le questionnaire est diffusé via les établissements, à la demande du ministre, ce qui constitue une pression implicite sur les répondants.
Le questionnaire est également adressé aux personnels administratifs, qui sont tenus à une obligation de réserve. Le positionnement sur une échelle droite-gauche les place dans une situation de conflit avec leurs obligations professionnelles.
Un sondage en ligne est sujet à toutes les manipulations.
Ce sondage IFOP-Baptiste ne se contente pas d’ignorer les obligations légales de la recherche en matière de données sensibles, il piétine aussi toutes les normes méthodologiques des enquêtes en sciences humaines et sociales. Le combat contre l’antisémitisme est un combat juste. Les actes antisémites ont augmenté partout dans la société et les établissements universitaires, à l’image de la société, ne sont pas épargnés. Les assignations identitaires essentialistes, le suprémacisme, les fondamentalismes, le retour de théories pseudo-scientifiques d’une « hiérarchie des races » sont insupportables. Les combattre suppose, à l’Université, de prendre appui sur des travaux savants, sur la rigueur, sur l’exigence, sur la disputatio et sur l’éducation. Le sondage IFOP-Baptiste n’est pas une enquête scientifique. Ce n’est qu’un alibi pour une nouvelle attaque maccarthyste contre l’Université. Dans la mesure où le caractère pseudo-scientifique saute aux yeux, il est probable que le ministre n’en espère pas autre chose que quelques passages dans les médias du groupe Bolloré (CNews, Europe…
Pseudo-science et fichage politique trumpien
Il ne fait guère de doute que M. Baptiste donne des gages au Rassemblement National (..) . Après les attaques contre la liberté académique analysées ci-dessous, le voilà qui s’en prend aux libertés individuelles
22.11.2025 19:51 — 👍 6 🔁 4 💬 2 📌 0
Téléchargez le courrier demandant aux présidences des établissements universitaires de faire circuler le sondage IFOP-Baptiste :
rogueesr.fr/wp-content/u...
Le sondage conduit par l’IFOP peut être téléchargé ici :
rogueesr.fr/wp-content/u...
22.11.2025 19:46 — 👍 7 🔁 8 💬 1 📌 0
Trumpisation de l’Université et fichage politique
Ce billet est consacré aux différentes facettes de l’offensive trumpiste du ministre en charge de l’Enseignement supérieur et de la recherche : nous dévoilons un questionnaire de fichage politique …
Billet du 22 novembre sur l’offensive trumpiste du ministre en charge de l’ESR.
1/ Dévoilement du questionnaire de fichage politique
2/ Annulation du colloque au Collège de France
3/l'’attaque la plus grave contre la liberté académique: les COMP à 100%.
rogueesr.fr/trumpisation...
22.11.2025 19:46 — 👍 85 🔁 72 💬 3 📌 6
Mais il est nul leur questionnaire là si des étudiants m'envoie ça je les shame direct
Pourquoi y'en a qui ont droit à la précision "des étudiants" et pas d'autres, au juste ?
22.11.2025 14:54 — 👍 28 🔁 8 💬 6 📌 1
Le sondage dans son intégralité 2/2
rogueesr.fr/wp-content/u...
22.11.2025 14:11 — 👍 9 🔁 11 💬 3 📌 3
Courrier de la Direction générale de la recherche et de l'innovation adressé aux présidentes et présidents d'université et aux présidentes et prédidents d'organismes nationaux de recherche demandant la diffusion d'un sondage IFOP
Courrier de la Direction générale de la recherche et de l'innovation pour diffusion d'un sondage IFOP « sur les perceptions, les expériences et les dynamiques de l'anti-sémitisme » dans l'ESR finissant par des renseignements sur les opinions politiques des sondé.e.s 1/2
rogueesr.fr/wp-content/u...
22.11.2025 14:07 — 👍 33 🔁 34 💬 4 📌 5
Ce billet a été écrit avant la censure d’inspiration trumpiste d’un colloque savant au Collège de France. Nous partageons la vive émotion de la communauté scientifique face à cette violation frontale de la liberté académique
carep-paris.org/annonce/comm...
12.11.2025 11:03 — 👍 5 🔁 0 💬 0 📌 0
Neutralité axiologique
Le concept de « neutralité axiologique » est périodiquement brandi dans des tribunes néo-maccarthystes de la presse illibérale pour disqualifier la participation des universitaires aux débats politiques et sociaux. L’usage confusionniste du concept date d’un temps où des universitaires conservateurs ont voulu faire de Max Weber un anti-Marx et ont interprété le concept de « neutralité axiologique » comme une incompatibilité de l’activité scientifique avec tout positionnement politique. La neutralité axiologique signifie l’indépendance réciproque entre la quête de vérité et les valeurs éthiques et politiques, tant dans la production que dans la réception des connaissances scientifiques. Autrement dit, ce que je crois devoir être ou ce que je crois être bon ne doit avoir aucune incidence opératoire dans l’établissement des faits, des théories, des modèles, des hypothèses causales. Les questions disputées doivent être tranchées — si cela se peut, et quand cela est possible — sur la seule base de l’appareil de preuves disponible, et selon des normes de corroboration et de véridiction propres aux disciplines. L’activité scientifique n’exige aucune neutralité — au sens d’indifférence — dans le choix et la construction des sujets, en particulier dans un monde comme le nôtre où temps, finances et cognition sont des ressources finies. Les valeurs sont ici inévitables et mêmes bienvenues pour décider collégialement donc délibérativement de l’allocation de ces ressources. A qui voudrait consacrer l’intégralité de la recherche scientifique au dénombrement des poux, nous pouvons raisonnablement rétorquer que ce n’est pas une bonne conception de la science, et qu’il y a bien mieux à faire.
Si la circonscription exacte du domaine de l’habitus de recherche, de la pratique scientifique et de la structuration des collectifs savants concerné par la neutralité axiologique est elle-même objet de disputatio, reste qu’on peut affirmer qu’il existe des zones de neu…
« Neutralité axiologique »
12.11.2025 10:56 — 👍 4 🔁 0 💬 2 📌 0
Devoir de réserve
Le devoir de réserve est une notion issue de la jurisprudence et non des textes de loi. Le devoir de réserve est la conséquence de la neutralité institutionnelle pour les personnels de la fonction publique, qui se doivent d’observer une retenue (réserve) dans l’expression de leurs opinions, faute de quoi ils s’exposent à une sanction disciplinaire (et non pénale). Les décisions du conseil constitutionnel de 1984 et 2010 rappellent qu’universitaires et chercheurs ne sont pas soumis au devoir de réserve, puisqu’ils sont sous le régime de la liberté académique. Ils ont un devoir éthique de dire le vrai sur le monde. En revanche, même dans le cadre de prises de paroles dans les médias, les présidences d’établissements de l’ESR ne peuvent faire mention de leurs opinions politiques ou religieuses, même s’ils sont issus du corps professoral : dès lors qu’ils n’exercent plus les fonctions de professeurs et même s’ils en garde le titre, les fonctions administratives leur impose la plus grande retenue.
« Devoir de réserve»
12.11.2025 10:55 — 👍 2 🔁 0 💬 1 📌 0
Neutralité institutionnelle
Le « principe de neutralité », « principe fondamental du service public » selon le Conseil constitutionnel, s’applique à l’« administration » et aux « autorités responsables » des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Les usagers, pour leur part, « disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils exercent cette liberté à titre individuel et collectif. » Seules la bureaucratie et l’administration de l’enseignement supérieur et la recherche sont donc soumis au principe de neutralité, compris comme l’absence d’expression d’opinions politiques ou religieuses et, a fortiori, d’attache politicienne. L’usage des listes professionnelles par des présidents d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche pour appeler à voter pour tel ou tel candidat à la présidence de la République contrevient ainsi au principe de neutralité. L’Udice et France Universités, les deux associations de défense des intérêts de la bureaucratie, contreviennent en permanence au principe de neutralité puisqu’elles défendent des options politiques — comme la volonté d’en finir avec le statut de fonctionnaire dans l’ESR ou d’augmenter les frais d’inscriptions. Le principe de neutralité ne désigne en aucun cas le silence sur les implications politiques et sociales des faits établis dans le cadre d’une recherche scientifiquement adéquate, ni le principe de musèlement de la production savante lorsqu’elle contrevient à des opinions exprimées par des groupes de pression. Le principe millénaire des franchises universitaires est une conséquence de ce principe de mise à l’abri de l’espace de délibération, de critique et de réflexion interne à l’Université. Les deux franchises principales sont la suspension du pouvoir de police et l’existence d’un pouvoir juridictionnel de l’Université, avec ses juridictions et son dispositif de sanctions disciplinaires. Parce que la disputatio…
« Neutralité institutionnelle »
12.11.2025 10:54 — 👍 3 🔁 0 💬 1 📌 0
Loyauté
Les universitaires (au sens large) ne sont soumis à aucun devoir de loyauté. La loyauté fait référence au principe de subordination hiérarchique dans l’exercice des fonctions. Les professeurs sont nommés par le président de la République ; les maîtres de conférences sont nommés par le ministre. Aucun président d’université, aucun recteur, aucun directeur de laboratoire, aucun directeur d’UFR, aucun responsable administratif n’est le supérieur hiérarchique d’un universitaire. Les universitaires et les chercheurs doivent rester étrangers à toute prétendue loyauté envers l’établissement ou envers la bureaucratie, et plus encore envers une « marque » universitaire. En revanche, ils sont soumis à l’éthique académique. En ce sens, ils doivent faire preuve de loyauté au sens où ils doivent faire preuve d’honneur, de probité, d’intégrité et de déontologie, et respecter les normes et les valeurs du travail savant. Seuls les pairs en sont garants.
« Loyauté »
12.11.2025 10:53 — 👍 2 🔁 0 💬 1 📌 0
« Neutralité », « pluralisme », « devoir de réserve », « loyauté »
Parmi les attaques, désormais permanentes, contre la liberté académique, les plus pernicieuses sont perpétrées au nom d’une conception délibérément dévoyée du concept. Communiqués de presse ministériels, chartes d’inspiration trumpiste imposées aux établissements par les présidences de région, chartes sans la moindre valeur juridique qu’universitaires et chercheurs sont sommés de signer, règlements intérieurs et changement de statuts violant la liberté académique et le droit. Nous entendons clarifier ici quatre concepts qui reviennent de manière répétitive dans ces attaques par décomposition du sens. Disons le tout de go: les universitaires et les chercheurs, quel que soit leur statut, ne sont ni soumis à un quelconque « devoir de réserve » ni à la moindre sorte de « neutralité » et encore moins à une supposée « loyauté » vis-à-vis de leur établissement. L’Université est sous le régime de la liberté académique, tous les devoirs liés à la fonction publique y étant subordonnés. La liberté académique est bordée par l’éthique académique d’un côté et par le droit commun de l‘autre. L’éthique académique ne saurait avoir la « neutralité » pour valeur. La disputatio n’est pas un « pluralisme » d’opinion. Il serait impensable que les faits, les preuves, les analyses critiques soient tus pour ne pas froisser des croyances ou des opinions — à plus forte raison quand ces croyances sont celles de lobbies suprémacistes, intégristes et obscurantistes. S’il existe, de fait, un pluralisme d’écoles de pensée au sein de nombre de disciplines, aucune norme académique ne stipule qu’il faille un équilibre des temps de parole de différents courants dans une même conférence. Si les tentatives périodiques de fondamentalistes du marché d’interdire les travaux des économistes critiques sont problématiques, ce n’est pas au nom d’un nécessaire « pluralisme » mais parce que ces menées obscurantistes violent la liberté académique…
« Neutralité », « pluralisme », « devoir de réserve », « loyauté »
12.11.2025 10:52 — 👍 2 🔁 0 💬 1 📌 0
Qui doit bénéficier de la liberté académique ?
La liberté académique est nécessaire à l’activité scientifique et universitaire, qui repose sur un questionnement endogène et vise à créer des savoirs comme un commun de la connaissance, qu’aucun intérêt particulier ne peut s’approprier. L’Université se fonde sur une interrogation illimitée qui ne prend aucune fin pratique et monnayable comme préalable et dont la méthode est la disputatio entre pairs. Cela exclut évidemment les usurpateurs publicitaires et essayistes se faisant passer pour chercheurs, les lobbies et think-tanks mais aussi, par exemple, la recherche et développement du secteur privé. Le ministère, les rectorats, l’administration des établissements et leurs bureaucraties sont extérieurs à l’Université. En conséquence, les règles électorales des conseils centraux sont en violation directe du principe de liberté académique. Il en va de même avec toute instance de contrôle ou de pilotage bureaucratique (comme le Hcéres) fondé sur des normes exogènes à l’Université (comme les Contrats d’Objectif, de Moyens et de Performances (COMP) ou les KeyLabs).
La liberté académique n’est pas une affaire de statut, ni d’établissement de rattachement, mais de fonction : celles et ceux qui publient des travaux scientifiques — des (enseignants-)chercheurs statutaires mais aussi, par exemple, des doctorants, des post-doctorants ou des ingénieurs de recherche — doivent bénéficier de protections, de droits et de devoirs dans ce cadre ; il en va de même pour le fonctionnement des équipes pédagogiques. La liberté académique suppose la plus faible division du travail possible dans les équipes de recherche et d’enseignement. Pour autant, la transmission de gestes, de manières de faire et de discuter, de styles, de mœurs, de standards d’exigence suppose un encadrement des jeunes chercheuses et chercheurs. Si les jeunes chercheurs ne doivent pas être les exécutants d’un P.I. qui ne pratique plus la recherche, la période de formati…
Qui doit bénéficier de la liberté académique ?
12.11.2025 10:50 — 👍 2 🔁 0 💬 1 📌 0
Si vous avez raté le début…
Dans le premier volet de ce billet, nous avons défini les principes sur lesquels repose la liberté académique :
https://rogueesr.fr/liberte-academique-principes-et-enjeux-du-debat/
C’est une liberté négative en ceci qu’elle suppose une protection contre toute intrusion de pouvoir qui la menace de l’extérieur (pouvoir politique, pouvoir religieux, pouvoir économique, pouvoir administratif et bureaucratique). Mais il s’agit surtout d’une liberté positive qui suppose la possibilité effective de mener des recherches, de concevoir des enseignements et de décider collégialement des règles, des standards, des procédures et des limites. La liberté académique se conçoit ainsi comme un point d’articulation entre éthique scientifique et principe d’autonomie de l’Université.
Si vous avez raté le début…
Dans un premier volet de ce billet, nous avions défini les principes sur lesquels repose la liberté académique :
rogueesr.fr/liberte-acad...
12.11.2025 10:49 — 👍 2 🔁 0 💬 1 📌 0
Nous nous réjouissons de chaque signe, si ténu soit-il, de vitalité de l’Université contre le rouleau compresseur de l’austérité, de la bureaucratie managériale et de l’insignifiance, en marche depuis plus de deux décennies, déjà. Ainsi, après Saclay l’an dernier, les collègues de Sorbonne Université tentent de reprendre pied face à une bureaucratie aussi autoritaire qu’incompétente, médiocre et dépourvue d’éthique. Les enjeux sont identiques : empêcher l’adoption de statuts conférant les pleins pouvoirs à la bureaucratie par un féodalisme qui dévitalise l’établissement. Hauts les cœurs !
Avant-propos..
12.11.2025 10:48 — 👍 2 🔁 0 💬 1 📌 0
Sur la Liberté académique, la neutralité, la loyauté et le devoir de réserve. @rogueesr.bsky.social, toujours limpide !
12.11.2025 06:57 — 👍 0 🔁 2 💬 0 📌 0
Le CAS(se) du siècle
« Non compensation de mesures obligatoires : Guerini, CAS Pension, PSC […] Je voudrais un peu minorer le sujet ; […] je veux dire : c’est pas Zola non plus, quoi. Excusez-moi : j’essaye…
Pour la route, l’audition au Sénat du ministre en charge de l’ESR, M. Baptiste, qui nous a permis d’apprendre que les universitaires sont «à la ramasse», et que la situation budgétaire, «c’est pas Zola non plus, quoi».
Mis à jour du billet budgétaire à cette adresse :
rogueesr.fr/le-casse-du-...
03.11.2025 11:14 — 👍 0 🔁 1 💬 0 📌 0
La capture du récit historique par l’extrême droite
Le Séminaire Politique des Sciences (PdS) aura lieu le mercredi 12 novembre de 17h00 à 20h30 à l’EHESS, 54 boulevard Raspail, 75014 Paris, en salle BS1_05/BS1_28 (niveau -1, au premier sous-sol).
Mark Bray, historien, professeur à Rutgers University contraint à l’exil en Europe, spécialiste de l’histoire de l’anti-fascisme,et invité par le Clemens Heller Institute.
Mathilde Larrère, historienne, maîtresse de conférences Université Gustave-Eiffel. Autour de l’ouvrage « Le Puy du faux ».
Thomas Lemahieu, journaliste à L’Humanité, auteur des enquêtes portant sur Pierre-Edouard Stérin. Retour sur les « Murmures de la Cité », le mini « Puy du Fou » organisé dans l’Allier.
Michèle Riot-Sarcey et Natacha Coquery, historiennes, Retour sur le procès en diffamation fait au Comité de Vigilance sur les Usages de l’Histoire sur l’usage du terme « révisionnisme ».
L’offensive réactionnaire actuelle n’est pas sans effet sur les usages publics de l’histoire et sur la communauté historienne. D’une part, l’histoire est plus que jamais l’objet d’usages publics éloignés de ce que le consensus professionnel admet comme la vérité historique et on ne compte plus les ouvrages censés vulgariser l’histoire des croisades ou les parcs à thèmes revisitant l’histoire de la révolution française ou de la « nation ». D’autre part, les historien·nes tentant d’intervenir dans la cité pour y apporter un minimum d’éclairage utile au débat public sont de plus en plus harcelés sur les réseaux sociaux, traînés en justice, voire comme cela est désormais le cas aux États-Unis, contraints de s’exiler. Pour cette deuxième séance de l’année, le séminaire Politique des sciences reviendra en compagnie de plusieurs témoins sur des affaires récentes qui ont touché à la capture du récit historique par l’extrême-droite et le mouvement ultra-conservateur.
La séance précédente consacrée à l’intervention des économistes dans l’espace public est d…
Séminaire du 12 novembre
La capture du récit historique par l'extrême droite
Avec
Mark Bray, historien, professeur à Rutgers University contraint à l’exil en Europe, spécialiste de l’histoire de l’anti-fascisme.
Et Mathilde Larrère, Thomas Lemahieu, Michèle Riot-Sarcey et Natacha Coquery
03.11.2025 11:11 — 👍 4 🔁 4 💬 1 📌 0