Marc Desjardins

Dis-moi
t'arrive-t-il aussi
de vouloir chercher
comme moi
le sens
et le contre-sens
des galaxies?

La beauté
des amours
impossibles
c'est qu'ils durent
toujours

Au cœur
des tricheries
nébuleuses
d’une époque
oubliable

à la surface
insolente
de journées
sans élans

dans les contreforts
d’une résistance
cachée
à tous les lieux communs
prétextes
à se démobiliser

le vivant se défend
de toutes ses forces
de toutes ses forces

(Mots, image, Marc Desjardins)

Dis-moi, Marie, est-ce que Luc est devenu fou ?

J’écris d’abord pour que le doute
s’éloigne de nos refuges d’espoir
et que les objets abandonnés
reprennent leur leçon de musique

j'écris

encore et toujours

d'abord
pour être digne
de tout ce qu'il y a
d'inconnu
et d'impalpable
dans ce que j'aime....

ensuite

pour garder l’envie
de rester vivant
malgré tout

Tonys 2025 Predictions: Who Will Win? And Who Should?

www.nytimes.com/2025/05/16/t...

Parfois
presque tout
me semble
une erreur de calcul
et le monde ne se décline
qu'en noir furtif
sur blanc d'écran

alors
je me décide
à risquer le tout
pour le presque rien
à courir le risque
sur la pointe de l'abandon
pour que chaque croisement
décline une version inédite
de moi-même

Elle chante, elle chante
Les cœurs qui battent un peu tout croche
Elle hante, elle hante
Les refuges des amours de poche
Jamais indifférente
Même quand le récit s'effiloche
Elle chante, elle chante
Et raccommode son cinoche

(mots et image, Marc Desjardins, inspirés par Ingrid St-Pierre)

Souvent
je m'infiltre
dans la nuit
et je sens
le bord de ce monde
frôler le prochain

vagabond
affamé de sommeil
et de pluriels
qui ne devrait attendre
que les inévitables ténèbres

pourtant
j’espère

je suis ici
caché
attendant mon arrivée

Me reconnais-tu ?

(Mots,image MarcDesjardins)

l y a de ces jours où les phrases n'arrivent pas à s'ordonner et laissent éparses des petites détresses de voyelles et de consonnes vidées de tout leur sens...

J'ai envie de déplier les paysages
les plaines, les vallons
pour en découvrir toutes les surfaces cachées
comme quand on jouait sous des draps
dans nos enfances
pas respectueuses...
nos enfances avec de la boue dans le visage
et de la confiture sur nos mains...

(Mots et image Marc Desjardins)

La nuit
il me vient l'envie
de me faufiler dans les maisons
pour récolter les fragments
de mots d'amour non-dits
qui dorment dans les téléphones...

(Mots et image, Marc Desjardins)

Au fond
sincèrement
je l’avoue
je ne sais pas

les mots

je ne fais pas
de littérature

mais je bricole

lettres et ratures

en fait
j'écris l'ombre
comme la trace
éphémère
du geste

(Mots et image, Marc Desjardins)

Ce qu’ils ont fait
à la planète
Ils l'ont fait

Ils le font

à nos filles
les unes après les autres

ce qu’ils ont fait
aux arbres
ils l’ont fait
à nos aînés

les uns
après les autres
les entassant
avec leurs marchettes
à la porte
inaccessible
des magasins
(Mots et image Marc Desjardins)

Réinventons l’époque !
Redessinons ses métaphores !

les métaphores
se débattent
toujours
prisonnières
enchâssées
dans la réalité
tragique
d’un univers qui s’oublie
lui-même
en banalités
et en abus

un monde
meurt quand ses métaphores
s’effondrent
(mots et image Marc Desjardins)

Je dormirai un jour
près des racines
pour
petit à petit
m'enfuir par la sève
et dénicher les oiseaux
avec qui
chaque soir
porter le ciel en terre...

(mots et image, Marc Desjardins)

J'écoute

dans ce bruit
qui germe
et ce silence
qui tâtonne

l'écho salutaire
des prénoms
aimés
chuchotés
doucement
en séparant
les syllabes

maille à l'endroit
maille à l'envers

comme un mantra
rassurant...

(mots et image, Marc Desjardins)

Depuis que tu t’es enfuie
Par les toits
Presque sans moi
Presque sans moi
Le temps fuit de partout

Maintenant que t’es enfouie
Jusqu’en moi
Presque sans toi
Presque sans toi
Je m’enfuis de partout

(Mots et image, Marc Desjardins)

C’est dans les brèches
que j’ai appris
à écrire

entre les failles
sous les crevasses

sur l’inattendu
des mots rebelles

au fond de la ponctuation
du doute

de la phraséologie
de l’audace

(mots et image, Marc Desjardins)

Je tente d'écouter les secrets de laine
sur le tricot du jour
pour y déceler les mailles rompues
en observant le vert
se moiter
de la tendresse humide du ciel...

(mots et image, Marc Desjardins)

Il me faut
absolument
capturer
le moment

porter
le jour

rester
dans la course
aussi longtemps
que possible

suivre
les rêveurs
les idiots
et les sages
pour retrouver
l’innocence
de mon âge

parce que
je n’aurai pas
l’impression
que je parle
dans le vide

(Mots, image, Marc Desjardins)

Je m'ennuie de la contrée paisible
cachée dans l'arrière-saison
de tes bras
quand le tumulte
incendiaire
où je navigue
par monts et par vaux
me fait explorateur
parfois meurtri
de rives inhospitalières...

au fond, mai, c'est juin indécis et avril moins humble

(Mots et image, Marc Desjardins)

J'ai l'impression
parfois
que nous portons
toute la mémoire
de la matière
dans nos élans
d'apothéoses
discrètes

nos élocutions
de modernité
ancestrale

nos remous
vifs
de consciences
exacerbées
où nous saurons
transformer
les sciences
exactes
en parcours
du cœur

et ça me rassure...

Chaque jour
de ces temps troubles
j'assemble
en toute humilité
quelques paroles
en guise de drap blanc
ou animer des silhouettes
d'espoir
comme un théâtre d'ombres...

(mots et image, MarcDesjardins)

On passe sa vie
à jouer
à l'enfant prodigue
indépendant
libre et fou
mais
quand les jeux
sont finis
on a tous envie
de rentrer à la maison...

(mots et image, Marc Desjardins)

Je ne cesserai jamais
de repartir
parce que la liberté
est sans fin
et qu'elle n'a pas de prénom
sinon le tien...
inévitablement
je t'aime à m'en déporter
à m'en exiler
à en oublier
tout le reste
qui n'a d'importance
qu'à cause de toi

(mots et image, Marc Desjardins)

Mon ami en-allé Jean-Claude Germain et moi pendant un de mes ateliers en 1975 au Conventum.

Photo, Errol Gagné.

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Article fascinant qui me touche beaucoup, étant moi-même atteint d'insuffisance rénale terminale.