White City Dominic Nolan
D’un braquage à l’ancienne à une légale extorsion immobilière, de la pauvreté à la colère et aux émeutes racistes contre une communauté caribéenne qui subit la violence d’une pègre qui façonne la ville. Poursuivant sa contre-histoire de Londres, sa plongée dans un Soho mafieux, dans une brigade fantôme censé le combattre et étant à peine moins criminel, Dominic Nolan nous plonge dans la terrifiante Angleterre des années 50, dans sa misère, dans ses brèves étincelles d’espoir et dans sa tragique fatalité apportant une lancinante tension. Ample et admirable polar, très sombre, White city séduit pour son attention aux magouilles qui construisent une cité, à la permanente destruction des habitats populaires, aux manières dont ils sont la proie des pires pulsions.
White City Dominic Nolan
D’un braquage à l’ancienne à une légale extorsion immobilière, de la pauvreté à la colère et aux émeutes racistes contre une communauté caribéenne qui subit la violence d’une pègre qui façonne la ville. Poursuivant sa contre-histoire de Londres, sa plongée dans un Soho…
14.11.2025 07:42 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Adieu Zanzibar Abdulrazak Gurnah
Dans sa pudeur, dans le peu que l’on sait, dans ses implications politiques, le peu que l’on peut en savoir, ce qui se joue dans l’amour. Dans une prose toute de tendre ironie, de sympathie amusée pour ses personnages, d’une intime connaissance du contexte de colonisation et de décolonisation de ce roman, Abdulrazak Gurnah décrit deux amours, l’un en 1900 et l’autre vers 1950 pour décrire, dans ses exils et contraintes, son pays. D’une forme plaisamment classique, très saga familiale, toujours policé et jouant de la dénonciation suggérée, Adieu Zanzibar est un récit d’une réalité qui se refuse à sombrer dans le sordide et parvient ainsi à esquisser les peines et les pertes de ces amoureux, de ces exilés.
Adieu Zanzibar Abdulrazak Gurnah
Dans sa pudeur, dans le peu que l’on sait, dans ses implications politiques, le peu que l’on peut en savoir, ce qui se joue dans l’amour. Dans une prose toute de tendre ironie, de sympathie amusée pour ses personnages, d’une intime connaissance du contexte de…
13.11.2025 10:45 — 👍 1 🔁 0 💬 0 📌 0
Nullipares et alors ? collectif coordonné par Chloé Delaume
Multiplicité, et unité, de ce qui nous pousse à refuser la reproduction, à interroger les intimations, les représentations qui contraignent les femmes à se représenter en mères et, dans ce petit livre de témoignages, une volonté d’accompagner, d’exposer, la potentialité de se soustraire à cette domination, à autrement inventer un rapport aux enfants. Par ces dix textes, par leur immédiateté parfois militante, parfois un rien narcissique ou rhétorique, on entend les motivations, à la fois complexe et limpide, de celles présentées comme dangereuses ennemies des structures traditionalistes de sociétés dont le retour devrait nous terrifier.
Nullipares et alors ? collectif coordonné par Chloé Delaume
Multiplicité, et unité, de ce qui nous pousse à refuser la reproduction, à interroger les intimations, les représentations qui contraignent les femmes à se représenter en mères et, dans ce petit livre de témoignages, une volonté…
12.11.2025 07:48 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Trois Socrates Didier da Silva
Que transcrit-on quand on réinterprète un air, qu’interprète-t-on lorsque on réinvente une ritournelle, qu’est-ce qui se joue dans la complexe simplicité au piano égrainée et, comment, au quotidien se crée la musique ? Toute de musicalité, de précisions en sautillantes ironies, en désinvoltes détails, à nouveau la prose de Didier da Silva interroge quand si finement elle spécule ce qui se transmet – émotion et intelligence du monde – dans une musique quand trois musiciens — Erik Satie, John Cage et Morton Feldman – en compose des variations où l’aléatoire se fait fidélité, où la liberté de ton se fait hommage. Trois Socrates accompagne sensiblement la naissance d’une œuvre, ses aléas et magie et parvient ainsi à laisser entendre une vie de Satie et les dispositifs de composition de Cage.
Trois Socrates Didier da Silva
Que transcrit-on quand on réinterprète un air, qu’interprète-t-on lorsque on réinvente une ritournelle, qu’est-ce qui se joue dans la complexe simplicité au piano égrainée et, comment, au quotidien se crée la musique ? Toute de musicalité, de précisions en…
11.11.2025 09:44 — 👍 1 🔁 0 💬 0 📌 1
Veneris Memories Pierre Cendors
Mémoires éperdues des amours enfuies ; spéculation sur la sidération d’un visage comme pour mieux esquisser celui de nuit où l’on prend corps, solitude et tangence à l’antique arrière-monde de nos sensations primitives et primordiales d’un contact, tellurique ou sylvestre, au cosmos. Entre remémorations plus ou moins fictionalisées, lectures, essai et poésie, toujours dans cette chatoyante dénudation de la langue, sonores tentatives d’en cerner les absences et silences, Pierre Cendors revient à ses vieilles obsessions : l’image en sa dissipation, le sauvage esseulement comme réticence au contemporain, à ses sociaux enfermements et, dans cette écoute, une ombrageuse, instantanée et revenante, illumination de ce qui nous dépasse — amour et non-humain. Dans une prose toujours somptueuse, en ses écarts et excès, au-delà de la réflexion sur la stupéfaction d’une vision amoureuse, Veneris Memories se révèle une captieuse interrogation sur ce qui, dans la scission, la protestation d’une proximité tôt évanouie, nous relie.
Veneris Memories Pierre Cendors
Mémoires éperdues des amours enfuies ; spéculation sur la sidération d’un visage comme pour mieux esquisser celui de nuit où l’on prend corps, solitude et tangence à l’antique arrière-monde de nos sensations primitives et primordiales d’un contact, tellurique ou…
10.11.2025 07:46 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Datura Leena Krohn
Les anomalies de nos perceptions, de foutraques croyances hermétiquement fantastiques, comme révélateur d’un monde absurde, sourdement inquiet, drôle en demi-teinte. Une femme décide de soigner son asthme au datura : tout déraille, elle perçoit la douce dinguerie de ce qui l’entoure, de l’ordinaire folie de ce que l’on nomme réalité. Organisé en brefs et calibrés chapitres, autour de la rencontre d’un farfelu spécimen de notre humanité réfugiée en ses explications alternatives, tendu vers l’effet de plus en plus psychotrope de ce soin hallucinant, Datura amuse avant d’interroger la portée que Leena Krohn prête à sa farce.
Datura Leena Krohn
Les anomalies de nos perceptions, de foutraques croyances hermétiquement fantastiques, comme révélateur d’un monde absurde, sourdement inquiet, drôle en demi-teinte. Une femme décide de soigner son asthme au datura : tout déraille, elle perçoit la douce dinguerie de ce qui…
07.11.2025 07:19 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Les nuits de l’Underground Marie-Claire Blais
Chorale réflexion sur ce qu’est une femme qui aime une autre femme, témoignage de ce que fut le Montréal noctambule des années 1970, de la communauté qui s’y dessine dans la pluralité de ses désirs, déboires et désamours. Dans une langue sensible, tout en retenue et élégance, introspection et écoute, Marie-Claire Blais nous plonge dans cet Underground, ce bar où se rencontrent Genevière et Lali, où elles s’aiment comme en miroir des autres femmes qui, dans l’exubérance ou le malheur, le hantent. On aime la mélancolique tranquillité, l’acuité du détachement dans sa précision, dans ses visions picturales avec lesquels Les nuits de l’Underground dissèque les silences et retenues d’une passion, énonce les collectives variations d’une émancipation.
Les nuits de l’Underground Marie-Claire Blais
Chorale réflexion sur ce qu’est une femme qui aime une autre femme, témoignage de ce que fut le Montréal noctambule des années 1970, de la communauté qui s’y dessine dans la pluralité de ses désirs, déboires et désamours. Dans une langue sensible, tout…
06.11.2025 07:29 — 👍 2 🔁 0 💬 0 📌 0
Les sœurs de la Muée Larissa Lai
De la sororité par mutation et transplantation dans un avenir sans pétrole, sans espoir, mais avec des satellites déréglés qui raccourcissent les jours et où, inquiétante dystopie, nos mémoires sont stockés pour que littéralement les habitants asservis, en proie à la grippe du tigre, alimentent ce système moribond. Livre de SF queer, bien plus que sa réflexion politique, ses fictions philosophiques sur l’antique dichotomie corps et esprit, Les sœurs de la Muée spécule la beauté, in fine, d’une autre relation au monde, au biotope et à la filiation. Dans ce qui se révèle un roman d’aventure à la trame presque classique, Larissa Lai reflète autant ce que notre avenir ne saurait être que l’étique, marginale, possibilité d’autrement le vivre.
Les sœurs de la Muée Larissa Lai
De la sororité par mutation et transplantation dans un avenir sans pétrole, sans espoir, mais avec des satellites déréglés qui raccourcissent les jours et où, inquiétante dystopie, nos mémoires sont stockés pour que littéralement les habitants asservis, en proie à…
05.11.2025 08:31 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Godpèle Gabriel Marcoux-Chabot
De la possibilité d’être ensemble que sculpte l’écriture, qui persiste dans une société post-apocalyptique, dans une langue phonétique où s’entendent les oscillations, dissimulations et dépassement d’une simple survie. Au-delà du tour de force de cette création sonore, de ce langage nouveau, si proche sans doute de ce qu’il fut, Godpèle interroge ce qui fait la nature et les mensonges du récit de toute communauté. En nous proposant une translation de cette immersion dans les sonorités d’une expression primale, Gabriel Marcoux-Chatbot spécule sur la littéralité d’un style, sur l’isolement et la nécessité de l’écriture, les rites funéraires et autres pratiques artistiques fondant cette société dont la pelle est l’outil de transmission, de construction.
Godpèle Gabriel Marcoux-Chabot
De la possibilité d’être ensemble que sculpte l’écriture, qui persiste dans une société post-apocalyptique, dans une langue phonétique où s’entendent les oscillations, dissimulations et dépassement d’une simple survie. Au-delà du tour de force de cette création…
04.11.2025 07:33 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
L’aile gauche Mircea Cărtărescu
Immense roman de la quête intérieure où se déploie un puissant imaginaire physiologique, où s’invente une vertigineuse exploration mémorielle, une magnifique évocation de Bucarest et surtout labyrinthe halluciné de paranoïaques correspondances, de frustrée porte à franchir, de débridés fantasmes d’un jeune homme qui se laisse dévorer par ce qu’il écrit, par le réel effarant, ésotérique, qui, croit-il, le poursuit. L’aile gauche, premier volume d’une belle retraduction d’Orbitor se situe quelque part entre Proust, pour la reconstitution intuitive et maniaque des souvenirs, de Kafka pour leur aspect cauchemardesque et Borges dans leur circulation de références et d’invention. Mircea Cărtărescu nous happe avec ce roman d’aventure immobile, par son art du récit, du miroir des différents aspects que prend une exploration mentale.
L’aile gauche Mircea Cărtărescu
Immense roman de la quête intérieure où se déploie un puissant imaginaire physiologique, où s’invente une vertigineuse exploration mémorielle, une magnifique évocation de Bucarest et surtout labyrinthe halluciné de paranoïaques correspondances, de frustrée porte à…
03.11.2025 07:48 — 👍 0 🔁 1 💬 0 📌 0
22 Mapesbury Road Rachel Cockerell
Plongée dans le sionisme, ses illusions et déceptions par un roman qui constitue un étonnant collage d’archives et de témoignages, laisse le lecteur imaginer les contradictions, le colonialisme, de ce mouvement visant, après les pogroms russes, à trouver, pas nécessairement en Palestine, un endroit pour accueillir les Juifs. En racontant l’histoire de sa famille, le mystère de son arrière-grand-père David Jochelman, Rachel Cockerell revient sur les figures emblématiques du sionisme que furent Theodor Herzl et, moins connu, Israël Zangwill. Assez passionnant quand il est historique, notamment dans son évocation des improbables endroits envisagés et surtout pour la vie américaine de la communauté juive, 22 Mapesbury road prend des accents émouvants, plus entendues aussi, quand il s’attarde sur le roman familial et particulièrement quand il insiste sur les ellipses et silences de tous récits.
22 Mapesbury Road Rachel Cockerell
Plongée dans le sionisme, ses illusions et déceptions par un roman qui constitue un étonnant collage d’archives et de témoignages, laisse le lecteur imaginer les contradictions, le colonialisme, de ce mouvement visant, après les pogroms russes, à trouver, pas…
28.10.2025 08:05 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Moo Pak Gabriel Josipovici
Du langage et de ses silences, dissimulations et ironie, pour en suggérer les prisons imaginaires, les dialogues et les plaisirs de la marche, de la discursive amitié dans des parcs londoniens. Dans la distanciation de son regard latéral, dans les impasses de la confession, Gabriel Josipovici nous offre une très fine méditation sur la création littéraire et artistique, les détestations de l’époque où si bien elle enferme ses impuissances, l’exil et le sentiment de non-appartenance, Jonathan Swift et surtout le langage présent sous toutes ses formes, de l’animale à l’aliéné, dans cette exploration de Moor Park qui, tour à tour, fut lieu de résidence de Swif, asile de fous, centre de décryptage puis d’étude de la langue des chimpanzés.
Moo Pak Gabriel Josipovici
Du langage et de ses silences, dissimulations et ironie, pour en suggérer les prisons imaginaires, les dialogues et les plaisirs de la marche, de la discursive amitié dans des parcs londoniens. Dans la distanciation de son regard latéral, dans les impasses de la…
23.10.2025 12:49 — 👍 1 🔁 0 💬 0 📌 0
Les frères Karamazov Fiodor Dostïevski
Exploration polyphonique des abîmes de nos culpabilités, des déchirements de la morale, des hystéries du discours et toujours de cette exaltation sacrificielle, de cette folie mystique, où s’interrogent tant le meurtre des autorités paternelles et divines que la responsabilité que l’on s’invente, que l’on subit. La relecture de cette belle nouvelle traduction de Sophie Benech, dans son écoute des différentes voix et langages, enthousiasme, souligne la tension de la construction dramatique et surtout l’empathie que Fiodor Dostoïevski apporte à chacun des personnages, au dilemme moral dont il est vecteur. Jamais on n’épuisera Les frères Karamazov, chaque relecture déplace la fascination : cette fois ce fut, entre autres, sur le concret des anecdotes où s’incarne la torturante potentialité de la vertu, sa fragile sauvegarde de la beauté.
Les frères Karamazov Fiodor Dostïevski
Exploration polyphonique des abîmes de nos culpabilités, des déchirements de la morale, des hystéries du discours et toujours de cette exaltation sacrificielle, de cette folie mystique, où s’interrogent tant le meurtre des autorités paternelles et divines que…
20.10.2025 14:43 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Comme un mendiant sur les quais de marbre Raymond Penblanc
La frustre sauvagerie de l’adolescence, la collective responsabilité que nous portons de ses errances. Dans l’opposition fatale et meurtrière qui emporte ce roman choral, poétique et surtout au plus près des silences butés, des tues douleurs d’un gamin malmenés, trouvant en Rimbaud un modèle pour sa fuite éperdue, Raymond Penblanc fait à nouveau entendre la musicalité de son style, sa précision pour cerner la distante et maladroite tendresse que tous porte à ce gosse malmené. Au-delà du fait divers par son refus d’en rendre compte complaisamment, dans une langue par trop quotidienne, au-delà d’une évocation de Rimbaud, Comme un mendiant sur les quais de marbre se révèle un assez fin démontage des mécanismes de la violence.
Comme un mendiant sur les quais de marbre Raymond Penblanc
La frustre sauvagerie de l’adolescence, la collective responsabilité que nous portons de ses errances. Dans l’opposition fatale et meurtrière qui emporte ce roman choral, poétique et surtout au plus près des silences butés, des tues…
17.10.2025 06:31 — 👍 2 🔁 0 💬 0 📌 0
Je trace Laurence Skivée
Un tracé, cerne de l’effacement ; une ligne, l’esquisse d’un animal ; un poème, une écoute du monde. Tout d’ellipse, de lignes claires, d’absence, ces carnets de croquis, dans leur persévérance même, leur pudique nudité, leur lapidaire et didactique clarté révèlent en creux une émouvante présence : un attentif et attendri regard sur ce que nous sommes. Je trace réuni vingt ans de dessins, de traversée et d’apparitions, d’animaux et d’instants où, libres, on entend les disparitions de Laurence Skivée, les hantises de son geste de toujours esquisser, de continuer, fugitive, à exister entre les lignes, entre les blancs, dans les trouées des silences de son évocatrice et émouvante poésie.
Je trace Laurence Skivée
Un tracé, cerne de l’effacement ; une ligne, l’esquisse d’un animal ; un poème, une écoute du monde. Tout d’ellipse, de lignes claires, d’absence, ces carnets de croquis, dans leur persévérance même, leur pudique nudité, leur lapidaire et didactique clarté révèlent en…
14.10.2025 06:36 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Les pédoncules élémentaires Arthur Billerey
D’une proprette poétique de la physique quantique, des sentiments amoureux, des mirages quotidiens à l’ombre des trous noirs, big-bang et autres amusées cosmogonies. Charmant poème, à la versification, à l’oreille, régulière, où de pirouettes en associations sonores Arthur Billerey saisit l’imaginaire de notre époque, ses ironiques distanciations, sensation d’isolement et de non-sens en quête de déplacements de sens, de frictions et d’attractions, d’arbitraires significations à l’ordinaire désordre d’être au monde. Les pédoncules élémentaires offre alors un fort joli reflet à nos errances, parallaxes et autres projections, presque quantiques, par lesquelles on s’acharne, heureusement, à effleurer autrui.
Les pédoncules élémentaires Arthur Billerey
D’une proprette poétique de la physique quantique, des sentiments amoureux, des mirages quotidiens à l’ombre des trous noirs, big-bang et autres amusées cosmogonies. Charmant poème, à la versification, à l’oreille, régulière, où de pirouettes en…
13.10.2025 07:17 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Les domaines des loups Javier Marías
Hommage habile aux films noirs, à une Amérique mythique des années 20 et surtout mise en scène rieuse de ses manipulations, du répétitif schéma de son appétit dévorant. Même si, dans ce premier roman d’un très jeune homme, on ne retrouve pas les phrases labyrinthiques, leurs entêtantes reprises, leurs arrêts et variations qui hantent la prose de Javier Marí as, on y entend, un rien hâbleur, toute l’ironie de l’auteur. Le domaine des loups, romans de montage, de mise en abyme, roman noir et du Sud, dévoile les influences de cet immense romancier et déjà sa capacité à se concentrer, par l’étrangeté de son regard décentré, sur l’essentiel, et risible, de nos drames humains.
Les domaines des loups Javier Marías
Hommage habile aux films noirs, à une Amérique mythique des années 20 et surtout mise en scène rieuse de ses manipulations, du répétitif schéma de son appétit dévorant. Même si, dans ce premier roman d’un très jeune homme, on ne retrouve pas les phrases…
10.10.2025 06:45 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Monts mers et géants Alfred Döblin
Étrange, dérangeante souvent, anticipation d’un avenir destructeur, de lutte entre des métropoles repliées sur leur pouvoir et des hordes qui le subissent, entre la création et le rejet d’annihilantes technologies, entre des hommes et des femmes qui croient s’aimer et se déchirent. Pour, on l’espère, conjurer les craintes racistes d’une époque (le roman date de 1924 et est traduit pour la première fois aujourd’hui) sa peur du métissage, sa misogynie aussi, Alfred Döblin déploie une large fresque, très inventive, sur les sombres et dévoratrices lumières du pouvoir, sur la suppression de tout lien avec la Nature et les façons dont elle se venge. Oscillant entre le conte et le roman d’anticipation, la description de l’impersonnelle d’un très pessimiste devenir collectif et les lapidaires incarnations dans des personnages, Monts mer et géants surprend captive inquiète interroge.
Monts mers et géants Alfred Döblin
Étrange, dérangeante souvent, anticipation d’un avenir destructeur, de lutte entre des métropoles repliées sur leur pouvoir et des hordes qui le subissent, entre la création et le rejet d’annihilantes technologies, entre des hommes et des femmes qui croient…
08.10.2025 09:56 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
La prise du bus et 50 fois l’île du Ramier vers Seveso Pascale Cabrolier
Quelle place occupe-t-on dans les villes, laisse-t-on à ceux que l’on pourchasse, invisibilise, désidentifie faute de savoir les accueillir, simplement, humainement ? Pascale Cabrolier s’élance d’une expérience de la maladie pour relater l’expérience physique de l’espace que l’on peut, anecdotiquement, traverser quotidiennement dans le brinquebalement d’un bus, dans la vision séparée. Mais, fort heureusement, La prise du bus et 50 fois l’île du Ramier vers Seveso est aussi l’écoute de ceux et celles que la ville nous cache, qui l’arpente dans la crainte d’être arrêtés, expulsés, déportés. Entre témoignage et poèmes, découpage et concaténation de ses non-sens, de ses dangereuses formules et acronymes, de ses soudaines brisures aussi, Pascale Cabrolier donne voix à nos villes.
La prise du bus et 50 fois l’île du Ramier vers Seveso Pascale Cabrolier
Quelle place occupe-t-on dans les villes, laisse-t-on à ceux que l’on pourchasse, invisibilise, désidentifie faute de savoir les accueillir, simplement, humainement ? Pascale Cabrolier s’élance d’une expérience de la maladie…
07.10.2025 06:49 — 👍 1 🔁 0 💬 0 📌 0
Gustave Flaubert écrivain Maurice Nadeau
Écrivain, entièrement, radicalement ou comment Flaubert est devenu, dans les aléas, le travail, les doutes, le manque de succès et autres incompréhensions, ce qu’il prétendait être. Dans cet essai, que l’on peut trouver un peu daté (ses dernières anecdotiques modifications datent de 1980), Maurice Nadeau revient avec passion, érudition et regard critique, sur la fabrique d’un écrivain à travers ses textes, sa correspondance et la réception de ses œuvres. D’une grande limpidité, d’une écriture enlevée, sûre de ses affirmations et sans lourdeur académique, Gustave Flaubert écrivain se révèle une passionnante traversée de la vie de ce grand démoralisateur, de son combat contre la bêtise bourgeoise, pour son style dans tout ce qui lui permet de dépasser le réalisme.
Gustave Flaubert écrivain Maurice Nadeau
Écrivain, entièrement, radicalement ou comment Flaubert est devenu, dans les aléas, le travail, les doutes, le manque de succès et autres incompréhensions, ce qu’il prétendait être. Dans cet essai, que l’on peut trouver un peu daté (ses dernières…
03.10.2025 05:01 — 👍 1 🔁 0 💬 0 📌 0
Le cimetière à Barnes Gabriel Josipovici
Éloge menteur de la traduction, des routines et des solitudes, des obsessives répétitions, de nos folies approchées, une fois encore, dans un très fin art du dialogue, derrière le redoutable d’une immense intelligence, d’une sautillante ironie, d’une doucereuse gravité. Au plus près de la matérialité, du travail sur la langue, de la traduction, de l’amour en ses pertes, des parts de deuil qui nous constitue, des poèmes de Du Bellay que l’on ne sait traduire, des figurations d’Orphée qui nous hantent, avec sa toujours très grande élégance Gabriel Josipovici rend un drôle d’hommage à son ami, et traducteur, Bernard Hoepffner. Dans sa souterraine hantise de la mort, dans ses entrelacements, Le cimetière à Barnes est un roman délicieux, bien plus sombre qu’il n’y paraît.
Le cimetière à Barnes Gabriel Josipovici
Éloge menteur de la traduction, des routines et des solitudes, des obsessives répétitions, de nos folies approchées, une fois encore, dans un très fin art du dialogue, derrière le redoutable d’une immense intelligence, d’une sautillante ironie, d’une…
02.10.2025 04:55 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Intermezzo Sally Rooney
Les relations humaines, fraternelles ou amoureuses, dans leur déchirement, leur perte et les normes où elles s’égarent. Avec attention, humour, Sally Rooney interroge la construction, et ses dépressions, du masculin et poursuit sa description de nos manières de croire autrement pouvoir aimer. Toujours dans l’opposition entre extraverti et introverti, toujours dans cette apologie dialoguée de la culture, de la logique et des échecs, dans une vision politique de nos rapports sociaux et de dominations, Intermezzo raconte l’histoire de deux frères, l’étrangeté de leurs amours, de leur antagoniste rapport au monde et ouvre la possibilité de, hors de tout jugement, poursuivre les ambivalences de nos attachements.
Intermezzo Sally Rooney
Les relations humaines, fraternelles ou amoureuses, dans leur déchirement, leur perte et les normes où elles s’égarent. Avec attention, humour, Sally Rooney interroge la construction, et ses dépressions, du masculin et poursuit sa description de nos manières de croire…
01.10.2025 05:03 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Le corbeau qui m’aimait Abdelaziz Baraka Sakin
Ce que sur nous font des migrations sans issues, les souffrances, les imaginaires et les folies qui s’y déplient, les amitiés et amours qui y persistent. Deux Soudanais se retrouvent en Autriche, là où ils sont passés avant d’échouer à Calais, dans leur séparation on entend toutes les douleurs, les espoirs, les arrangements et autres échappatoires de cet exil. Outre le témoignage qu’il apporte sur cette réalité que l’on ne veut pas voir, qu’idiotement l’époque s’attache à persécuter, celle de l’inhumanité de la jungle de Calais comme celle autrichienne, Le corbeau qui m’aimait est surtout le portrait sensible d’un homme qui rêve d’une langue et d’un pays et qui soudain ne supporte plus la violence dont il devrait le payer. Abdelaziz Baraka Sakin, sans complaisance aucune, renvoie une saisissante image de ceux qui, tant bien que mal, s’inventent un ailleurs.
Le corbeau qui m’aimait Abdelaziz Baraka Sakin
Ce que sur nous font des migrations sans issues, les souffrances, les imaginaires et les folies qui s’y déplient, les amitiés et amours qui y persistent. Deux Soudanais se retrouvent en Autriche, là où ils sont passés avant d’échouer à Calais, dans…
30.09.2025 05:00 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Lettres à la Bien-Aimée et autres poèmes Thierry Metz
L’évidence en tous ses échappements, une contondante simplicité dont le dépouillement effleure l’hermétisme, touche — dans l’insistance sur les mains, les murs, les bois et les sceaux – à ce qui se perd, s’appelle et se retient comme autant d’invocation à la transparence d’une feuille, à l’éphémère d’un refuge, à l’espoir sans repos de l’écriture. Les poèmes de Thierry Metz souvent saisissent, interpellent par la simple densité de leurs images qui au mystère confinent. Aridité, amour et deuil, on y entend surtout l’exigence d’un cheminement, l’invention au jour le jour, dans le prosaïque de leur écoulement, dans la difficulté du métier de manœuvre, dans la perte de son fils, l’amour pour sa compagne, d’une façon d’être au monde. Lettres à la Bien-aimée ou l’incandescente exigence poétique de saisir nos effacements sans refuge.
Lettres à la Bien-Aimée et autres poèmes Thierry Metz
L’évidence en tous ses échappements, une contondante simplicité dont le dépouillement effleure l’hermétisme, touche — dans l’insistance sur les mains, les murs, les bois et les sceaux – à ce qui se perd, s’appelle et se retient comme autant…
29.09.2025 05:03 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Luxemburg Maxime Ossipov
Des nouvelles des atrocités, absurdités, menues résistances et grandes obstinations à continuer, d’une Russie contemporaine dont admirablement on entend les accents, l’humour, la cruauté et la tendresse, l’antisémitisme et les deuils, le quotidien comme avec lui on compose. Plein d’empathie, d’amusement, de lutte contre le désenchantement, le regard du médecin qu’est Maxime Ossipov, nous rapporte – entre fiction et témoignage, dialogues et narrations – quelque chose comme le réel le plus contondant. De la vie d’un hôpital, à la profanation d’une tombe, de la vie d’un chauffeur de taxi à celles du monde académique, Luxemburg conte la banalité de l’oppression.
Luxemburg Maxime Ossipov
Des nouvelles des atrocités, absurdités, menues résistances et grandes obstinations à continuer, d’une Russie contemporaine dont admirablement on entend les accents, l’humour, la cruauté et la tendresse, l’antisémitisme et les deuils, le quotidien comme avec lui on…
26.09.2025 05:01 — 👍 1 🔁 1 💬 0 📌 0
Conversations entre amis Sally Rooney
L’exactitude et la lutte, pas seulement de classes, des sentiments ; dans les déchirements familiaux, amoureux et amicaux continuer à se demander comment on se parle, comment on continue à inventer l’intelligence du monde. Avec un art certain du dialogue, de l’évocation physique de nos effleurements et sexualités, Sally Rooney nous décrit l’attraction et l’amour, la jalousie, entre Frances, Bobbi, Nick et Melissa et nous peint ainsi une jeunesse qui dans la réflexion, la politique, la littérature, le débat se construit, se déchire. Conversations entre amis est un beau roman sur notre ardeur à exister, sur la contondante complexité de notre appréhension de ce qui nous entoure.
Conversations entre amis Sally Rooney
L’exactitude et la lutte, pas seulement de classes, des sentiments ; dans les déchirements familiaux, amoureux et amicaux continuer à se demander comment on se parle, comment on continue à inventer l’intelligence du monde. Avec un art certain du dialogue, de…
25.09.2025 05:04 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
La petite zone avec de la lumière Sébastien Ménestrier
Lumineux, fragile, retour à la vie par l’écoute des autres, dans l’acceptation de la réciprocité de ce soutien, dans cette écriture surtout où l’on entend une immense, douloureuse, disponibilité. Il faudrait avoir recours à des adjectifs par trop galvaudés pour saluer la discrète pudeur, la musicale délicatesse, l’évidence limpidité elliptique de la prose de Sébastien Ménestrier. Sur une intrigue ténue, un homme reprend pieds, se remet à écrire, à s’occuper d’enfant, à participer à la colère opprimée de nos sociétés éborgnées, La petite zone avec de la lumière est enchantement mineur, découverte de la prosaïque beauté de persévérer, d’être enfin au monde.
La petite zone avec de la lumière Sébastien Ménestrier
Lumineux, fragile, retour à la vie par l’écoute des autres, dans l’acceptation de la réciprocité de ce soutien, dans cette écriture surtout où l’on entend une immense, douloureuse, disponibilité. Il faudrait avoir recours à des adjectifs par…
24.09.2025 05:00 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
DJ Bambi Auđur Ava Όlafasdóttir
Les attentes de l’identité ou comment s’inventer un corps qui, moins mal, réponde à nos aspirations de genre. Dans une prose rafraîchissante, d’un optimisme presque béat, ne fût-ce les silences et autres ombres destructrices, Auđur Ava Όlafasdóttir raconte les errances et inquiétudes de Logn dans l’expectative de son opération, dans ses espoirs et le récit des dissimulations, mensonges et arrangements de cette transidentité. Sans être entièrement captivé, on entend le charme poétique de Dj Bambi, selon l’expression consacrée : l’intimité d’une humanité mise à nu pour la réduire à un efficient optimisme. Au-delà de sa belle attention à l’ordinaire, on perçoit aussi sa construction et les interrogations suscitées par les encombrants stéréotypes féminins.
DJ Bambi Auđur Ava Όlafasdóttir
Les attentes de l’identité ou comment s’inventer un corps qui, moins mal, réponde à nos aspirations de genre. Dans une prose rafraîchissante, d’un optimisme presque béat, ne fût-ce les silences et autres ombres destructrices, Auđur Ava Όlafasdóttir raconte les…
23.09.2025 05:00 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Au fond des années passées Jens Christian Grøndahl
Évocation mélancolique du passé quand, amoureusement, il ressurgit, quand, maladivement, il révèle nos démissions, nos incompréhensions. Avec une vraie délicatesse, une sensibilité in fine à l’écoute, Au fond des années passées parvient ainsi moins à saisir deux époques – les années 8O et leur engagement ; les années 2020 et leurs nécessaires interrogations sur le consentement – qu’à peindre les sentiments éperdus, tendres comme l’apprentissage de la compréhension, d’un homme encore et toujours en quête de lui-même. Un brin nostalgique hélas, un rien vieillissant dans une sagesse désabusée et distanciée, Au fond des années passées a le charme, la doucereuse précision, des souvenirs embarrassés.
Au fond des années passées Jens Christian Grøndahl
Évocation mélancolique du passé quand, amoureusement, il ressurgit, quand, maladivement, il révèle nos démissions, nos incompréhensions. Avec une vraie délicatesse, une sensibilité in fine à l’écoute, Au fond des années passées parvient ainsi…
22.09.2025 05:03 — 👍 0 🔁 0 💬 0 📌 0
Founder of The Untranslated, a blog about significant literary works not yet translated into English
https://theuntranslated.wordpress.com/
Sciences sociales (sans Ciel), Précaire du pré carré, PhDoux, Habilité à Déblatérer Régulièrement, ami de la philosophie de John Dewey, allergique à l'absolutisme, rédacteur en chef de la revue ThéoRèmes, vice-président de l’association Pragmata.
Terre est ma mère
je lui dois
toute ma poésie
«le réel est là et a toujours été là, la où les hommes s’entretuent apparemment à son propos quoique en fait hors de tout propos, puisque la réalité à laquelle ils participent leur demeure invisible. » Cl. Rosset
Site perso: tempscontraires.com
Godardien poète bruyant prof cinéphile folkeux Galiléen rationnel tapin² BoXoN
chercheuse, fouilleuse, liseuse, curieuse parfois écriveuse, un peu enseignante, toujours apprenante, en littérature et autres, mixeuse de langues
https://stephanevanderhaeghe.net
Dear Incomprehension, U. of Alabama Press, 2024
P.R.O.T.O.C.O.L., Quidam, 2022
À tous les airs, Quidam, 2017
Charøgnards, Quidam, 2015
Robert Coover & the Generosity of the Page, Dalkey Archive Press, 2013
Prés. TheConversation.fr & cap-sciences.net
Ex serial red chef ( Le Monde Libé Metro La Tribune, etc) Écrit des livres à Paris et en Gironde
Du côté obscur du ciel bleu : https://mamot.fr/@cestabrupt
Fabrique d’antilivres
https://abrupt.cc/www
Revue papier et numérique de création littéraire...
https://revuerestes.wordpress.com/
Enseignante-chercheuse
Rouen
Littérature & art contemporain
Poésie & performance
Poésie dans et hors du livre
poesieexp.hypotheses.org
https://mastodon.art/@gaelletheval
#poesiereadymade #litteraturesauvage #littenum #videopoetry #performanceart
Auteur, expert de rien, mais qui expérimente beaucoup avec les IA en ce moment. tcrouzet.com
Autrice. Anna partout, Ed Scribes.
Ailleurs : @chloepiaille, @chloe.ronsinlemat
Une maison d'édition qui aime la littérature mordante
http://www.ladernieregoutte.fr/