Alexandre Coutant

Nous espérons qu'elle vous inspirera autant que nous! N'hésitez pas à l'employer, diffuser, imprimer, compléter: elle est en licence libre et n'a d'autre ambition que d'aider à construire une démocratie plus robuste.
BSky ne diffuse pas les PDF mais je peux envoyer une version HD sur demande.

Cette affiche résume l'idée par analogie avec un couteau-suisse. Elle est la 1ere d'un diptyque : une 2nde affiche suivra pour illustrer ce principe avec un cas d'actualité.

Lorsque cela fonctionne (et la littérature montre que nous pouvons designer des espaces où ça fonctionne !), nous sommes amenés à pouvoir formuler des avis, en accueillir d'autres, tout en étant capables de les distinguer selon leur rigueur, et de prendre du recul sur nos propres convictions.

Au contraire, les habiletés de la pensée permettent d'évaluer la profondeur de son propre processus de familiarisation avec un sujet, ainsi que celui des avis formulés par les autres acteurs se positionnant sur ce dernier.

(ce qui est un idéal difficilement atteignable tant le monde regorge de complexité, d'incertitude et de justifications différentes, et amène finalement à une disqualification de beaucoup de personnes difficilement compatible avec le modèle démocratique)

L'intérêt pédagogique et démocratique est majeur, puisqu'il insiste moins sur la nécessité de démontrer une expertise pour être légitime à formuler un avis sur un sujet ou proposer des pistes d'actions.

La faculté d'écoute pour enrichir sa compréhension d'un sujet, et la pensée créative pour convertir ce que l'on sait en nouvelles idées et pistes d'actions.

La littérature montre que si l'esprit critique est un pilier de l'autonomie d'action et de pensée des individus et collectifs, il ne fonctionne à son plein potentiel qu'en étant associé à deux autres habiletés:

[Habiletédelapensée] Suite de la diffusion de nos outils de promotion de l'esprit critique dans le cadre du projet Noûs soutenu par les @fondsrechercheqc.bsky.social 🤩
Aujourd'hui : les habiletés de la pensée !

C’est exceptionnellement gratifiant de voir que la relève se préoccupe autant de cela, et ose - bien davantage que je ne l’aurais fait à leur stade d’études - produire des contenus à destination d’un public plus large que les arènes de débat universitaire ❤️

Une préoccupation m’accompagne depuis que je me suis orienté vers la recherche: comment faire en sorte que l’immense variété de savoirs accumulée en SHS circule en société et donne lieu à des initiatives concrètes pour améliorer notre monde.

Cerise sur le gâteau : iels ont même obtenu la collaboration d'Yves Citton pour discuter de leurs enjeux !!! Leçon à retenir : quand quelqu'un vous inspire, quelle que soit sa célébrité, n'hésitez pas à aller toquer à sa porte 🤩

Ainsi, vous pouvez écouter dès à présent leurs résultats dans un épisode de l’excellent balado « le collimateur », avant que ne sorte la version article de leur travail, dans le prochain numéro de la revue Documentation et bibliothèques (oui, oui, iels ont fait tout cela dans un seul cours !!! 🤯 ).

Iels sont aussi allés chercher des acteurs appliquant cette vision dans leurs enseignements, pour montrer comment cette perspective peut concrètement s'incarner.

J’aurais déjà été comblé par cette clarification conceptuelle, Mais Louvinia et Boris sont allés bien au-delà en rendant compte de leurs avancées dans des formats diffusables plus largement auprès d’un public intéressé par l’éducation aux médias et à l’information.

Ils rappellent aussi comment notre intelligence fonctionne incomparablement mieux lorsqu’elle est supportée et mobilisée collectivement.

Surtout, ils décentrent leur regard de la seule responsabilité individuelle, pour soulever à quel point l’exercice de l’esprit critique ne peut se faire que dans des institutions qui l’écoutent et l’encouragent.

Leurs recherches mènent vers une vision enrichie de l’esprit critique, comme part d’un ensemble d’habiletés de la pensée nécessaires pour naviguer de manière émancipée dans l’écosystème informationnel actuel: exercer son esprit critique, mais aussi savoir faire confiance, écouter et être créatif.

(et mobilisée en général en la recommandant à autrui plutôt qu’à nous-mêmes 🤪 ce qui ne va pas sans poser des contradictions avec sa définition même)

Iels ont décidé de s’intéresser aux ambivalences de l’appel systématique à davantage d’esprit critique, pour tenter de comprendre ce qui se trouve derrière cette expression mobilisée de manière assez floue...

Former à la pensée critique - Collimateur - Veille pédagonumérique - UQAM Pour être mieux critique, pas plus critique

La fin de l’année apporte son lot de travaux me rappelant la chance que j’ai d’accompagner des étudiant∙es si brillant∙es ❤️
Ce balado valorise le travail de Louvinia Sainte-Rose-Fanchine et Boris Nonveiller en séminaire doctoral sur l'éducation aux médias et à l'information cc @yvesmunn.bsky.social

Avec ces clés, on se rend compte qu’il existe des espaces aux antipodes de ces critères, mais qu’il en existe beaucoup plus qui les réunissent au moins partiellement, qu’on pourrait contribuer à renforcer. Ça prend du soin de notre part, mais nous y gagnons en pouvoir d’agir individuel et collectif.

Mais au - ces auteurs fournissent des clés pour les identifier et encourager, + réalistes que la peur d'un règne émotionnel empêchant toute rationalisation, de l'assimilation de tout conflit à la violence, du postulat d'une inévitable crédulité des individus face aux contenus peu fiables, etc.

Selon lui, comme elles sont consubstantielles à la démocratie, ce serait une erreur de les disqualifier a priori et il faut bien au contraire s’interroger sur comment les adresser d’une manière qui nourrisse la démocratie. Arriver à faire émerger de tels espaces est éminemment complexe.

Bien sûr, qu’on ait la chance d’être représenté dans cet espace public ou qu’on tente d’y être reconnu, toutes ces frictions peuvent devenir des irritants, Negt insiste donc sur la forte charge affective de ce mécanisme social, qui donnera lieu à des expressions émotives pouvant être très intenses.

Ce n’est pas un état imparfait de la démocratie mais son fonctionnement normal. Manifestations, pétitions, perturbations de conseils et débats alternatifs ne sont donc pas des actions nuisibles perturbant notre routine mais des compléments nécessaires pour pallier le manque d’accès à l’espace public

Si la démocratie repose sur l’échange au sein de ces espaces, il y aura toujours du tumulte, en leur sein, et à leur porte. Il prend l’exemple des luttes féministes qui, exclus des espaces institutionnels, ont dû en trouver d’autres pour rendre visibles leurs causes et obtenir du soutien.

Il souligne déjà que nos sociétés étant fortement inégales, l’espace public universellement accessible reste un idéal, et que par conséquent des espaces publics oppositionnels existeront toujours.

La discussion de ces auteurs par Negt vient ajouter des dimensions plus concrètes à ces modèles un peu désincarnés (mais aidant à s’imaginer vers quels types d’espaces publics nous souhaitons aller).

Nos tentatives de rationalisation se nourrissent donc de ressentis et positions morales qui informent aussi sur nos enjeux, qui sont discutables et qu'il ne faut pas évaluer selon les mêmes attentes, mais qui demeurent pertinents pour nourrir la discussion publique.