Isilanka

Je sais même pas si je vais garder la pauvre bête vivante parce que la conclusion prévue dans cette ébauche c'était que le dernier moineau soit zigouillé par le dernier ultra-riche qui ne supportait pas que son "trésor" lui survive (oui le moral tout ça)

D'un autre côté, menacer de causer un syndrome de Kessler, c'est un excellent exemple d'un principe auquel je crois profondément : la supériorité spatiale n'est pas un jeu à somme nulle, il est tout à fait possible que tout le monde perde.

En vrai de vrai, "un scientifique de la NOAA ou de la NASA pète un câble et décide d'employer des fusées-sondes pour éliminer les constellations Starlink" est un scénario de thriller éminemment plausible.

La charge utile étant très faible, c'est plutôt fait soit pour bousiller des satellites (au hasard des constellations qui déglinguent le ciel nocturne...) soit pour intercepter des navettes en phase de rentrée atmosphérique.

Le concept d'un bazooka sol-espace est typique d'une démarche de hard SF parce que ça a l'air débile, et quand on fait le calculs, en fait non seulement ça passe, mais ça ouvre tout un champ des possibles (on peut tirer sur la Lune à partir d'une Toyota Hilux).

Tout à fait ! Après, le scénario que je voulais examiner ici est plutôt celui d'attaques depuis le sol, dans une logique asymétrique (ils ont l'orbite, pas les pauvres terriens). Mais ça pose tout autant celle du personnel dans les stations, qui n'a rien demandé.

Je pense que ça doit être ça, c'est la merde et on fait feu de tout bois (et on doit un peu envier les Mosquitos qui passent sans encombre, mais c'est pas exactement la même taille de machine...)

On est sur la même ligne, je trouve juste singulier que la question soit encore remise sur le tapis assez tard dans la guerre (en tout cas dans la RAF), ce qui veut dire que le débat protection des tourelles vs vitesse n'était pas tranché pour tout le monde, malgré l'expérience directe de terrain.

Si on veut se moquer d'une implémentation *vraiment* douteuse d'une tourelle, on peut se rabattre sur le P-61 Black Widow qui, à ma connaissance, est le dernier chasseur à en avoir une...et qui se payait le luxe de ne pas marcher, en plus. Mais ils avaient un calculateur de tir ! Qui lui marchait.

Cela, plus les durées de service délirantes, la position défensive, le comptage des victoires...mais à voir les témoignages des pilotes alliés, il semblerait que l'adage selon lequel les pilotes allemands étaient "gunners first, pilots second" ne soit pas totalement usurpé.

C'était l'argument avancé (par Freeman Dyson notamment) mais je crois que les calculs n'étaient pas bons dans tous les cas (un Lancaster reste un tracteur, tourelles ou pas). Me semble que la décision de garder des tourelles sur le B-29 règle de tt manière la question par la négative.

Trop proche de la Russie hélas

Tout ça pour dire que le tir en déflection avant l'invention des calculateurs qui font tout le travail pour le pilote, c'est un enfer pour tout le monde sauf quelques as allemands qui à l'évidence avaient fait un pacte avec une quelconque puissance occulte.

Il y a même eu quelques propositions pour les retirer sur certains bombardiers de la RAF, qui ont généralement rencontré une réaction pouvant être résumée par "mais ça va pas non ?", mais qui avaient parfois des arguments recevables.

C'est quand même dur de toucher quoi que ce soit en l'air de manière générale (dans "le Grand Cirque", Clostermann explique qu'il passe son temps à rater des tirs évidents), tourelle ou pas. Mais il y avait quand même un gros débat (à ma connaissance pas vraiment tranché) sur leur vraie utilité.

Vu la performance générale des tourelles défensives de bombardiers, ça devait être contre-intuitif pour à peu près tout le monde, il faut bien le dire.

Fausse couverture intitulée : "Matériel autoguidé de guérilla sol-orbite Vela Hotel IV, manuel de l'utilisateur" avec la mention "licence libre, conception six étages, carburant liquide, poids 12 kg, munition shrapnel, velocité 8 km/s, portée orbite terrestre basse" et une illustration d'un personnage en train de tenir un lance-missile antiaérien.

Ma seule consolation dans le détournement de l'imaginaire spatial par les ultra-riches, c'est qu'on peut aussi postuler un futur où même les hôtels orbitaux ne sont pas à l'abri des révolutions.
(avec une contribution de Ian Gibney au dessin, d'après une idée de votre serviteur.e)

On sent que le moral est au beau fixe quand j'ai envie de reprendre un vieux scénario de SF où l'enjeu est le dernier moineau vivant parce que même dans un univers post-post-apocalyptique utopique, il y a des dégâts qu'on ne réparera jamais

Et leur mise en exergue est tout à fait délibérée, même quand elle vient du camp d'en face, Yarvin est un excellent exemple de ça -- c'est le faux philosophe qui se gargarise de sa proximité au pouvoir et les médias adorent exploiter le petit frisson qui vient avec, sans se rendre compte des dégâts.

C'est frappant quand on compare à des gens comme Julius Evola : les "penseurs" de la droite techno-fasciste américaine n'existent intellectuellement que dans leur petit cercle. Tout le reste c'est de la pub. Des Yarvin, on en croise des milliers sur Reddit/4chan, ça n'a jamais été plus que ça.

Il y a eu toute une construction, *y compris de la part de médias censément de gauche* d'une mythologie du grand intellectuel d'extrême-droite américain, ça concerne Thiel mais aussi Curtis Yarvin ou même JD Vance, et quand on soulève le rideau il n'y a RIEN.

Tomber sur Fondation en premier c'est un coup à partir en courant (j'imagine -- entre autres -- la jeune lectrice qui se rend lentement compte qu'il n'y a pas un seul personnage féminin notable dans toute la saga...)

Le vrai souci c'est même pas que ces types existent, ils ont toujours été là, le souci c'est qu'il y a cinq mille ans ils se contentaient de construire une grosse ziggourat au bord de l'Euphrate sans pourrir la vie à l'intégralité de l'humanité.

Ce qui témoigne quand même d'un rapport assez étrange au genre : quelqu'un qui veut se lancer dans le polar recevra beaucoup plus rarement le conseil de commencer avec Conan Doyle ou Agatha Christie. Il y a qu'en SF et fantasy qu'on insiste, comme si le genre ne pouvait s'aborder que linéairement.

Les gens qui recommandent de commencer la SF avec Asimov, là

D'ailleurs, c'est *Sunless Skies*, je me suis emmêlé les pinceaux dans les noms de jeux (endless skies existant par ailleurs, mais sans aucun rapport)

De fait, c'est un univers (avec son prequel, "Sunless Sea") où aucune loi naturelle n'est descriptive, toutes sont prescriptives et énoncées par les étoiles, qui dont des dieux autocratiques : les éteindre donne donc accès à une liberté absolue.

Et tiens, ça me fait penser à l'excellent "Endless Skies" où la réponse de l'anarchisme du XIXe à la révélation que les dieux existent et contrôlent le monde n'est pas de se dresser contre eux, mais de *s'attaquer à l'existence même des lois de la physique* pour mener une libération ontologique.

Perso je l'interprète comme une dictature cosmique éternelle, comme avant mais on déplace la restriction de la liberté individuelle à un niveau ontologique, justement la traduction directe de l'idée "le problème ce sont les monarques, pas la monarchie."

Et ce n'est même pas vraiment une histoire où les *rois* seraient mauvais mais pas la monarchie, puisque le règne du Sans-Eclat dans les deux fins "classiques" du jeu est juste un retour à un statu quo qu'on sait instable et injuste.